mardi 5 avril 2011

Boxe poétique



Belmondo a dis, Rimbaud c'est comme de la boxe. Alors quelqu'un d'autre a du dire, la boxe c'est comme du Rimbaud.

A partir de là,
apparaissent punch, quatrain, crochet, sonnet, hypercut et images fortes. De sorte que filmer une salle de boxe est comme sculpter un poème rimbaldien. En totale immersion, au plus près du feu, en corps à corps avec le monde. Sans médiateur, voix off, explication, sens réglés, système camisole. Une caméra au milieu du chaos magnifique. Le réel, la poésie objective. Ce n'est pas de la pacotille, pleine de pathos romanticos flagados. Pour tout percevoir, ressentir, prendre et comprendre, il faut être voyant, se faire voyant. S'investir en avant. Ne pas avoir peur des coups de marteaux sur le pneus de caoutchouc, les deux yeux comme les deux bras haut placés, ne pas baisser la garde, être attentif, faire tournoyer ses appuis et son esprit.



Et puis,
la forme est parfaitement maitrisée, les plans rebondissent, dessinent de pures contemplations ou s'évadent soudainement. On entends les bébés qui crient, les cuirs qui se cognent, les respirations qui se font haletantes. En même temps, on perçoit une incroyable violence amical, des poing comme des poignées de mains cordiales.  Tout en même temps, tout en une heure et demi. Pivots de pieds, rejets puis contre rejets, rimes,  rythmes, escapades imprédictibles, fuite du champ. Ca ne veut pas rien dire. Ça dit ce que ca dit, dans tous et par tous les sens. En paroles, en mouvement de caméra, en mouvement de paroles et plongée du mouvement.

À travers l'ivresse de l'effort, la danse boxe, le dépassement du je qui devient autre jeu, les illuminations du KO, c'est une véritable saison au paradis du combattant cinéphile.

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